Laura Garcia Vitoria

Territorios del conocimiento/Territoires de la connaissance Sociedad del conocimiento/Société de la connaissance : les regards sur l'identité personnelle et professionnelle dans la société de la connaissance

4/09/2006

Votre opinion... La mienne est toujours d'actualité en 2006

Bloguez pas !
Les technologies de l’information partagée…à l’ère réticulaire (sic)
Pardon pour ce sous-titre qui pourrait augurer bien mal de ce cette année 2005 que nous vous souhaitons pourtant excellente : nous ne faisons que l’emprunter le temps d’un édito. En effet, quand votre interlocuteur commence ainsi ses commentaires, vous avez parfaitement le droit de vous attendre au pire en termes de représentation du futur.
Car vous savez déjà que pour ce qui est de l’information partagée vous risquez de ne pas être déçus. Au choix : ou il n’y a rien à partager du tout, ce qui arrive bien souvent (pas de connaissance, pas d’expertise, tout juste un brin de contentement d’avoir trouvé une formule aux apparences élégantes pour cacher un océan d’ignorance), ou encore l’auteur est un consultant à la recherche d’un brin de savoir qui puisse lui valoir l’octroi d’un chèque…Quoi qu’il en soit, vous, vous n’aurez rien du tout.
Quant à l’ère réticulaire…Il paraît qu’elle s’incarnerait d’abord dans le « mythe des blogs » comme l’écrit fort justement (et de manière parfaitement salutaire) Luc Fayard (enseignant à l’Université de Paris-Dauphine et rédacteur en chef de 01 Informatique) dans un excellent article des Echos dans sa livraison du 20 décembre 2004 - on y reviendra -.
Ces blogs, on nous les définit en effet comme « produit, effet et cause de l’altermédiation, cette autre intermédiation, médiation de l’autre et de la reconnaissance ». L’outil altermédiaire de l’ère réticulaire…au secours, les bobos reviennent !
« L’ère réticulaire » semble véhiculer aussi un curieux débat franco-français sur la distance : la mobilité transformerait « plus profondément notre relation à la distance que la fixation à domicile » - ça OK, on a du nous le dire en maternelle -, « ou au télécentre, que sous-entendaient les modèles "télé" » (l’auteur semble ne maîtriser guère l’étymologie grecque) : dire que, lorsque je m’adonnais il y de cela une décennie à l’enseignement à distance par satellite, les collègues ne m’avaient pas prévenue…Il faudra donc, poursuit néanmoins savamment l’auteur, repenser les formes humaines, voire physiques, d’une présence : on le craignait, le pire est arrivé. Numériquement vôtre, mais pas dans ces conditions !
Heureusement, l’article de Luc Fayard permet de remettre les choses à leur place. Pour ce qui est des blogs, il s’interroge en effet : « pourquoi a-t-il fallu créer un mot nouveau ? Réponse : pour rien. C’est un joli coup de marketing. Qu’apporte le blog ? Pas grand-chose. Ce n’est qu’une version ultra simplifiée des outils de mise en page web qui existaient déjà. Le Web pour les nuls ! ». L’auteur le dit sans ambages : « Certains des blogs les plus consultés sont émis par des personnalités en rapport commercial direct avec ce marché ». Un point, c’est tout. Alors, outil de démocratie ? : « Il y a autant de menteurs sur les blogs que dans la vie réelle ». Expression d’une nouvelle démocratie, comme le dit la charte aujourd’hui sur le web ? Luc Fayard le reconnaît : « expliquer que ce discours est un ramassis de phrases creuses, avec un sous-entendu commercial et partisan, ne sera pas une mince affaire ». Et de conclure : « le blog, en fait, est un nouvel avatar de la mythologie véhiculée par la technologie…Blogueurs de tous les pays, ne vous laissez pas manipuler ! ».
Quand on vous disait que 2005 et les suivantes pouvaient être d’excellentes années et que la prospective ne conduisait pas nécessairement au suicide. LGV