La république numérique des savoirs
Robert Darnton, dans la livraison d’avril du Monde Diplomatique, évoque la constitution, à l’ère de Google, d’une République numérique des savoirs. Je lisais son article en me rendant à la Semaine Internationale des Arts Numériques où venaient nous rencontrer notamment chinois et latino-américains. En rencontrant l’adjoint au maire de la ville chargé du développement durable, c’est la réalité du terrain qui nous a été d’abord exposée: il faudrait peu de choses pour que tout le territoire de l’agglomération ne devienne un grand cluster de l’innovation en ouvrant ses différentes composantes les unes aux autres, ce qui à l’évidence n’est pas le cas (ce sont plutôt les barrières qui symboliseraient l’entrée dans certains «lieux de savoir»); or c’est l’inverse, on le sait bien, que nécessite la transformation d’une ville en vrai territoire de la connaissance.
En écoutant ensuite dans notre réunion à la mairie les représentants des différents territoires de notre Living Lab, ce sont de même les extraordinaires atouts dont nous disposons tous qui me frappèrent dans l’énumération de nos projets. Des atouts, oui, si nous savons briser les jougs des législations d’autrefois, si nous savons dire non (et ce n’est pas toujours facile) aux stupidités que parfois nous développons collectivement faute de comprendre le passé ou de regarder le futur - ce qui revient, sommes toutes, au même -: je songeais, on l’aura compris, aux montagnes d’inepties engendrées par les débats sur les droits d’auteur. Dans les visioconférences que j’animais, je continuais de voir l’ampleur de ce qui était possible dans un pays comme la Colombie par exemple, dans une ville comme Malaga (Andalousie) ou encore en Ardèche, qui accueille le premier Centre Européen des Nouvelles Technologies qui a tant intéressé les délégations chinoises auxquelles je me suis adressée.
J’étais heureuse en sortant aussi bien de notre réunion professionnelle que de notre séminaire de prospective: oui, Monsieur Darnton - vous qui avez côtoyé comme historien les équipes de l’Encyclopédie et les plumitifs des Lumières -, oui une république non point seulement des lettres; mais des savoirs est aujourd’hui concrètement possible, à condition que nous nous débarrassions de nombre d’idées reçues, que nous arrêtions nos usines à fabriquer des textes que personne n’appliquera jamais, que nous dessinions ensemble un futur crédible de nos territoires au travers de processus de formation ancrés dans notre quotidien et d’échanger des connaissances qui laisseraient sur les bords du chemin ceux qui s’agrippent à leurs bonus et leurs stock-options devenus inutiles. Est-ce seulement un songe?
________________________________________
Réponse d'un ami:
De: P
Envoyé: mardi 31 mars 2009 12:03
À: laura
Objet: Re: La république numérique des savoirs
Bonjour Laura,
Tout ça est plus une question de vie que de principes. Ce d'autant que ces derniers ont pris un sacré coup de vieux. A priori, dans son dernier ouvrage ("Pour une nouvelle critique de l'économie politique" Bernard Stiegler "chauffe" en mettant en cause la société de consommation, mais il ne va pas assez loin. La cause du problème n'est pas la consommation parce qu'elle-même n'est pas une cause, mais une conséquence. La vraie cause est l'entrée en anachronisme de la pensée industrielle provoquée par le déploiement des outils numériques. L'alpha et l'omega n'est plus la production de masse et donc la norme, mais la diversité (http://www.nytimes.com/2009/03/30/technology/internet/30mag.html?_r=
1&th&emc=th)
La république dont tu parles manque cruellement, aujourd'hui, de citoyens adultes. Question d'éducation et de formation. Question de temps donc. En attendant, vouloir résoudre les "problèmes" amène à faire plus encore de la chose dépassée : créer des structures de représentation...
Avec le numérique, les savoirs sont fonction d'une production de sens essentiellement personnelle. C'est dire que tout ce qui relevait des savoirs hier, relève désormais de l'information, du savoir potentiel.
Comme le disait fort bien Einstein, c'est l'expérience qui crée la connaissance. Tout le reste n'est que de l'information.
Bonne journée. Bien amicalement, P
________________________________________
Réponse d'un ami:
De: P
Envoyé: mardi 31 mars 2009 12:03
À: laura
Objet: Re: La république numérique des savoirs
Bonjour Laura,
Tout ça est plus une question de vie que de principes. Ce d'autant que ces derniers ont pris un sacré coup de vieux. A priori, dans son dernier ouvrage ("Pour une nouvelle critique de l'économie politique" Bernard Stiegler "chauffe" en mettant en cause la société de consommation, mais il ne va pas assez loin. La cause du problème n'est pas la consommation parce qu'elle-même n'est pas une cause, mais une conséquence. La vraie cause est l'entrée en anachronisme de la pensée industrielle provoquée par le déploiement des outils numériques. L'alpha et l'omega n'est plus la production de masse et donc la norme, mais la diversité (http://www.nytimes.com/2009/03/30/technology/internet/30mag.html?_r=
1&th&emc=th)
La république dont tu parles manque cruellement, aujourd'hui, de citoyens adultes. Question d'éducation et de formation. Question de temps donc. En attendant, vouloir résoudre les "problèmes" amène à faire plus encore de la chose dépassée : créer des structures de représentation...
Avec le numérique, les savoirs sont fonction d'une production de sens essentiellement personnelle. C'est dire que tout ce qui relevait des savoirs hier, relève désormais de l'information, du savoir potentiel.
Comme le disait fort bien Einstein, c'est l'expérience qui crée la connaissance. Tout le reste n'est que de l'information.
Bonne journée. Bien amicalement, P
0 Comments:
Enregistrer un commentaire
<< Home