Laura Garcia Vitoria

Territorios del conocimiento/Territoires de la connaissance Sociedad del conocimiento/Société de la connaissance : les regards sur l'identité personnelle et professionnelle dans la société de la connaissance

8/02/2008

Echanges d’été autour de L'éthique de l'économie du savoir émergent(e)

De: laura.garcia
Envoyé: lundi 4 août 2008 09:46
À: P
Objet: RE: Internet Plus, Badou et ...


Bonjour,

Il ne faut pas confondre "la flamme" avec laquelle on naît avec la perception de l'enfance et la définition de l'innocence que nous donne chaque époque...

Nous étions quelques-uns sur cette liste à évoquer récemment maître Eckhart, rappelons nous donc son injonction : "deviens tel un enfant, rends-toi sourd et aveugle. Dépasse tout être et tout néant! Laisse le lieu, laisse le temps, et les images également!"

Cordialement

Laura


-----Message d'origine-----
De : P.
Envoyé : dimanche 3 août 2008 21:17
À : laura.garcia
Objet: Internet Plus, Badiou et ...


Merci pour ce petit mot. Nous sommes bien d'accord. Comment préserver la force de l'"innocence" de l'enfance. Aussi paradoxal que cette injonction puisse paraître, c'est bien à cela qu'il faut parvenir. Un beau défi, non? En tout cas le seul qui me semble valoir la peine de m'investir totalement.

A bientôt donc. Bien cordialement, P.


Le 3 août 08 à 18:01, laura.garcia a écrit : « D'où mon (mes) message ...
Il convient de réfléchir sur ce sujet... car, de nos jours, vu les enjeux, quoi qu'il en soit, des "personnes inconscientes, avec fraîcheur enfantine et amateurs" (comme tu dis) peuvent être facilement instrumentalisées... avec les conséquences que cela peut comporter! »
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De: laura.garcia
Envoyé: dimanche 3 août 2008 09:08
À: OZ
Objet: Internet Plus, Badiou et les…


OZ a écrit : " Quel amateurisme me direz-vous ! Quel totale absence de logistique et de réalisme. C'est vrai. Nous sommes des amateurs. J'espère bien que nous saurons le rester le plus longtemps possible, cela reste une défense très efficace contre le marketing technocratique et les promesses volées"


Cela me rappelé l'histoire de la fin du XVI siècle Espagnol, son amateurisme et son déclin face au professionnalisme des anglais!
Restons donc dans l'ignorance et amateurisme????
Cordialement,
lgv

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De: laura.garcia
Envoyé: samedi 2 août 2008 12:25
À: XXX
Objet: Re: Internet Plus, Badiou et ...

Pourquoi faire comme si. c'était toujours la première fois ???
Une rapide réaction à une affirmation que je ne comprends pas dans son unicité de formulation
J. a dit: « nous sommes à la veille, si ce n'est en train, d'introduire de façon massive des technologies culturellement, politiquement et économiquement révolutionnaires ».
Certes, mais pourquoi faire comme si… c’était toujours la première fois ???
Les mutations technologiques fortes - TOUTES les « renaissances » par exemple, celle du XIIème notamment, sans même parler de la précédente et de la suivante mieux connues - , de manière parfois différentes, nous ont laissé une assez bonne connaissance des mécanismes et liens entre « nouvelles technologies » et impacts politico-culturels par exemple.
Plutôt que d’imaginer ex-nihilo des scénarios pour y trouver notre place - est-ce si utile de réécrire la Cosmogonie d’Hésiode ? -, pourquoi ne pas aller plus loin dans une réflexion commune et prendre un par un les dits mécanismes et les décliner en prospective de notre temps, en ce qui concerne l’Occident bien sûr mais aussi naturellement les autres horizons culturels.
Et si notre liste de diffusion se transformait en (modeste) petite communauté de connaissances se donnant cette objectif réfléchissant, entre autres, sur les impacts culturels potentiels des changements que nous observons et commentons ici ensemble ?
Laura
-----Message d'origine-----
De : XXX
Envoyé : samedi 2 août 2008 01:59
À : YYY
Objet: Internet Plus, Badiou et ...

At 19:27 01/08/2008, P. wrote:
La question n'est donc plus de technologies, mais de créer les conditions nécessaires permettant de cesser de déstabiliser les sociétés. Et je pense que c'est d'autant plus nécessaire aujourd'hui que nous sommes à la veille, si ce n'est en train, d'introduire de façon massive des technologies culturellement, politiquement et économiquement révolutionnaires…. (+ quatre pages de discusions)
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De: laura.garcia
Envoyé: jeudi 31 juillet 2008 05:35
À: XXX
Objet: RE: Internet Plus, Badiou et ...

L'évocation paulinienne me convient assez bien, ma foi, tant elle est d'actualité. Je ne peux que penser à cet égard à la célèbre invitation de la première Epître aux Corinthiens, la ville par excellence des réseaux sociaux antiques: "Moi-même je m'efforce de plaire à tous, en toute chose, en ne cherchant pas mon avantage personnel... Soyez mes imitateurs...". Qui dit mieux ?...

Relisons par ailleurs les Actes des Apôtres relatifs à la réaction à Ephèse des orfèvres situés à la porte de l'Artémision dont la première réaction devant les prêches de Paul fut de craindre de vendre moins de souvenirs: en les amenant à regarder au-delà d'eux-mêmes et en affirmant que "les dieux qui sortent de nos mains ne sont pas des dieux", un certain Démétrius n'affirme-t-il pas que c'est toute sa profession qui risque d'être dénigrée du fait des propos de Paul ? Si cela ne nous évoque pas les années que nous vivons !
Au-delà, XXX… évoque notamment à travers ses lectures d'été Maître Eckart et la mystique allemande: nous ne sommes pas assez conscients - très curieusement - que nous trouvons au XIVème siècle nombre des racines de nos interrogations d'aujourd'hui au travers de questionnements sur l'essence de l'existence aux formulations très proches des nôtres dans la genèse de la Devotio Moderna, mais de manière plus précise, partout dans le monde rhénan, de par l'aspiration à la création de communautés de connaissance tissés souvent sur de longues distances au moyen de messages et d'écrits bien proches de nos propres échanges, ici même sur cette liste.
En conclusion, il ne s'agit évidemment en rien de faire preuve d'une quelconque systématique comparatiste et encore moins d'investir un champ ésotérique qui n'est pas le nôtre.
N'empêche que c'est bien un regard nominaliste - celui même d'Ockam - que porte Oxbridge quand le laboratoire de Microsoft y évoque les perspectives de la réalité augmentée... Et de cela, il vaut peut-être mieux en être conscient, non ?,
Laura

-----Message d'origine-----
De : XXX
Envoyé : mercredi 30 juillet 2008 06:55
À : o. Cc : laura.garcia
Objet : Re: Internet Plus, Badiou et ...
Bonjour,
Le 29 juillet 2008 13:17, o… a écrit : Nous sommes dans un problème circulaire, où rien n'est prouvable, autre que l'existence de la poule et de l'oeuf.
Nous sommes aussi dans une sphère où la Loi n'a pas de prise (elle s'y essaie néanmoins). Seule compte "l'événement" (l'apparition d'une technologie, d'une usage, etc.) et en dernier ressort, l'Evénement est l'émergence infinie du réseau lui-même ; la certitude qu'il re-émergera après qu'on ait tué (par la Loi ou par la mise en doute). On le voit, l'Evénement est conditionné par des actes qui Participent d'un "processus de vérité" validé a priori et a posteriori par leur exitence.
La figure de Saint Paul s'impose ici, non pas comme on pourrait le penser trop rapidement, car on plaquerait la mystique chrétienne sur l'Internet, mais en tant que théoricien et praticien du type de "processus de vérité" fondé sur un événement improuvable auquel nous sommes confronté.
Pour Saint Paul, c'était bien entendu la Résurection. Pour nous c'est la capacité du réseau à faire corps et sens avec l'humain. Conformément à ce que j'ai dit précédemment, je crois justement qu'il faut éviter ce genre d'analogie.
On va finir par le "tout est dans tout et réciproquement". Je me suis assez intéressé à l'ésotérisme pour savoir qu'il bascule rapidement dans la "zozotérisme".
Je suis en train de lire " de Averroès à maître Eckart ; aux sources de la "mystique" allemande", mais je ne vais pas m'en inspirer pour vous donner ma "vision" de l'Internet. J'ai l'impression que l'on est en train de délirer dans la mouvance du blabla New Age. Plus modestement, je crois qu'il faut s'attacher mettre en évidence les impacts de la techno-science et surtout les logiques, et intérêts sous jacents.
Je résumerai ma position philosophique sur les sciences ainsi : nous n'en sommes plus à l'opposition du "pourquoi" au "comment" bien connue ; cette division catégorielle n'a plus de sens. L'humanité est prise dans un mouvement que l'on doit s'efforcer de contrôler (écologie), en essayant d'élucider ce qui est en jeu.
Pour ma part je suis modeste et ne prétends pas relier ma réflexion à l'histoire du christianisme et de sa confrontation avec la pensée grecque, à la scholastique, à l'émergence de l'esprit scientifique.....
J'ai entendu et subi trop d'enflures depuis 40 ans à propos de l'informatique et de la "société de l'information" (comme si elle n'existait pas avant)!).
Parmi les dernières en date : nous vivons la plus grande révolution depuis le néolithique, ou depuis Gutenberg, au choix ; avons nous assez de recul pour se permettre de dire cela ?
Les trois approches que décrit J… sont intéressantes. Essayons d'analyser ce qui est effectivement en jeu en dégager un consensus sur des lignes d'action partagées.
Bien à vous,

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De: laura.garcia
Envoyé: mardi 29 juillet 2008 11:29
À: XXX
Objet: RE: Internet Plus, Badiou et ...
Bonjour,
Vous abordé ici une interrogation majeure qui nécessite de se reporter à la Grèce d'Aristote, au débat de l'antiquité tardive à Alexandrie et surtout à la genèse de la catégorisation des savoirs que nous avions l'habitude d'utiliser à l'échelle pluriséculaire (je pense à Boèce dans la Ravenne du VI siècle).
Pas de débat en effet possible sans cela sur la fracture cognitive contemporaine ou sur la genèse de l'économie du savoir!
Cordialement,
Laura Garcia Vitoria

-----Message d'origine-----
De : XXX
Envoyé : mardi 29 juillet 2008 08:51
À : laura.garcia
Objet : Re: Internet Plus, Badiou et ...
Bonjour,
Je m'adresse à vous, hors liste. J'ai une question à vous poser car elle me préoccupe réellement : qu'est-ce donc que cette société de la connaissance dont on parle ?
En fait, j'ai le sentiment que plus que l'expression de la solution, cette "société de la connaissance" est celle du problème et en tout cas, de la question du jour : Qu'est-ce que la connaissance? Quel est son rôle? Comment se constitue-t-elle? Comment est-elle reconnue? Comment structure-t-elle les rapports des hommes entre eux, les situations qu'ils rencontrent, leur environnement? En quoi modifie-t- elle ou pas son rapport à la vie? A l'avenir? Quel(s) impact(s) a-t- elle sur nos rapports inter-générationnels et les solidarités sociales (les liens entre catégories de gens dès lors qu'il y a de la vie en commun) et donc, les territoires?
Il s'agit d'une démarche sincère et donc pas de questions piège. En fait, je suis plus intéressé par une démarche méthodologique que par les réponses à ces questions dont je sais que, dorénavant, elles s'inventeront, de plus en plus, au jour le jour, sur le terrain.
Bien cordialement,
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De: laura.garcia
Envoyé: mercredi 30 juillet 2008 18:39
À: XXX
Objet: LE REGARD ACTIF

PS: Parler??? Ou... Regarder ce qui se fait ailleurs… Parler peu, réfléchir, et faire: la clé. Et ensuite... parler lorsque nous avons à transmettre...

En pièce attaché un PPS sur quelques territoires de la connaissance : des équipes d'excellence, "de toute condition", ont réalisé leur rêves en créant des territoires innovants...
Mais... il y a d'autre modèles à ne pas suivre:
Très cordialement,
Laura Garcia Vitoria
-----Message d'origine-----

De: laura.garcia
Envoyé: mardi 29 juillet 2008 11:29
À:XXX
Objet: Internet Plus, Badiou et ...
Bonjour,
Je pense avoir été claire, mais s'il reste un doute, je vous suggère de prendre en compte ce qu'ARENOTECH a réalisé pendant plus d'une décennie. Il convient surtout de donner l'exemple: il ne suffit pas de dire, il faut faire. Se gargariser est facile, faire beaucoup plus difficile!
Par ailleurs, une des mutations paradigmatiques de notre temps (nous avons suffisamment d'exemples à cet égard dans le passé) est que la priorité doit être accordée à la diffusion de l'existant, du possible, et en aucune manière à commencer par écouter ceux qui ne peuvent qu'ignorer. Ce serait d'ailleurs se moquer d'eux et faire peu de cas de leurs valeurs intrinsèques.
Très cordialement,
Laura Garcia Vitoria

-----Message d'origine-----
De : XXX
Envoyé : mardi 29 juillet 2008 08:32
À : Cc : laura.garcia;
Objet : Re: Internet Plus, Badiou et ...
At 19:42 28/07/2008, laura.garcia wrote: L'éthique de l'économie du savoir émergent(e)
Maintenant, que nous suggères-tu de faire en termes concrets?
Pour reprendre mes trois approches, nous avons quatre possibilités : tu oublies la cinquième possibilités. La principale, sinon la seule aujourd'hui : Ecouter ce que les gens ont à dire. Soit, concrètement commetu dis, donner à chacun les moyens de s'exprimer... Pour apprendre parce qu'en réalité, ce n'est pas toi - ni moi d'ailleurs - qui disposons des solutions. Ce sont eux , la grande majorité de ceux qui ne disent rien, mais qui n'en pensent pas moins. Ecouter, c'est aussi le seul moyen d'arrêter de tourner en rond et que lepropos vire à l'autisme. Sinon, cela revient, comme tu le dis, à parler, à s'agiter et à ne pas faire grand chose…
Evidemment, le reste prend du temps à élaborer et à mettre en place….
Bien amicalement,