Les principes essentiels de la Kabbale d’Isaac Luria, aboutit à un métaphysique immatérialiste et monadiste :
« Rien ne peut
être créé à partir de rien. Et comme la matière ne peut être créée. Ni exister
par soi en raison de la bassesse de sa nature. Où l’on tire la déduction qui
est plutôt un fondement que nulle chose vile ne peut exister par soi. Il
n’existe donc aucune matière dans la nature des choses. Tout ce qui est
vraiment est Esprit. Mais cet esprit est incréé et éternel, intelligent,
sensible, vital, se mouvant par soi, infini dans l’étendue et existant
nécessairement par soi. Et par conséquent, cet esprit est l’essence divine. Et
aucune essence autre que divine ne peut exister par soi. Comme, à la vérité, il
n’existe aucune essence en dehors de celle-ci dans l’univers en vertu des
axiomes 1, 2, 3, 8 et qu’il est clair qu’une chose (provient) de cette essence
unique, par une action de division – il est évident que l’essence divine peut
se diviser. Puisque l’essence divine existe vraiment, il existe d’innombrables
particules individuelles, et qui peuvent s’étendre et s’étaler en des cercles
de puissance et d’étendue infinies. Et puisque les grains de sable
particuliers, les petits grains des pavés et les particules de l’air, de
l’éther, etc., sont des parties de cette essence divine, il est tout aussi
évident que ces dernières peuvent se réunir et se resserrer en particules
extrêmement ténues. De l’assemblage de ces particules est formé le monde qu’on
appelle matériel bien qu’il soit en réalité spirituel, formé assurément
d’esprits en particules divisées de l’essence divine, contractées et ramassées
en monades ou points physiques. Cette
contraction est l’état de sommeil ou d’engourdissement pour ces particules divines
– leur expansion, l’état de réveil. Il y a différents degrés de réveil, à
savoir : dans la vie végétative, sensitive, rationnelle… ; bien plus enfin se
font le réveil et l’expansion, dans un cercle d’amplitude et de puissance
infinies, jusqu’à ce que cette parcelle divine en cet esprit particulier puisse
se construire un Monde formé de terre, d’eau, d’air, de ciel et des autres
parties. Et, par conséquent, cet Esprit particulier peut – à partir de
l’exemple de la fine poussière de marbre – devenir la plante, à partir de la
plante l’animal, de l’animal l’homme, de l’homme l’ange, enfin le Dieu créateur
d’une nouvelle Terre et d’un nouveau Ciel. Et on peut dire de même à propos des
particules individuelles de l’essence divine, qu’il est nécessaire qu’elles
soient ou bien toutes séparables sans doute, ou encore qu’elles puissent être
des Dieux créateurs des terres et des cieux, ce qui est cela même qu’un enfant,
par une nuit blanche dans les écoles, interrogé par moi sur le point de savoir
s’il croyait à un Dieu unique, me répondit en souriant qu’il croyait à
l’existence d’un grand nombre de Dieux, distincts les uns des autres »
Axiomes alchimiques
- 1.
Tout ce qu’on peut accomplir par une
méthode simple ne doit pas être essayé par une méthode compliquée. Il n’y a
qu’une seule Vérité dont l’existence n’a pas besoin de preuve, parce qu’elle
est elle-même sa propre preuve pour ceux qui sont à même de la percevoir.
Pourquoi se servir de la complexité pour chercher ce qui est simple ? Les sages
disent : “Ignis et Azoth tibi sufficiunt”. Le corps est déjà en votre
possession. Tout ce qu’il vous faut, c’est le Feu et l’Air.
- 2.
Nulle substance ne peut être rendue
parfaite sans une longue souffrance. Grande est l’erreur de ceux qui
s’imaginent que la pierre des philosophes peut être durcie sans avoir été
préalablement dissoute; leur temps et leur travail sont perdus.
- 3.
La nature doit être aidée par l’art
toutes les fois qu’elle manque de force. L’art peut servir la nature, mais non
la supplanter. L’art sans la nature est toujours anti-naturel. La nature sans
l’art n’est pas toujours parfaite.
- 4.
La nature ne peut être améliorée qu’en
elle-même. La nature d’un arbre ne peut pas être changée par l’arrangement des
branches, ni par l’addition d’ornements ; il ne peut être amélioré qu’en
perfectionnant le sol sur lequel il croît, ou par la greffe.
- 5.
La nature use de la nature, la comprend
et la vainc. Il n’y a point d’autre connaissance que la connaissance de
soi-même. Tout être ne peut réaliser vraiment que sa propre existence, mais non
celle d’un élément qui lui est totalement étranger.
- 6.
Celui qui ne connaît pas le mouvement ne
connaît pas la nature. La nature est le produit du mouvement. Au moment où le
mouvement éternel cesserait, la nature entière cesserait d’exister. Celui qui
ne connaît pas les mouvements qui se produisent dans son corps est un étranger
dans sa propre maison.
- 7.
Tout ce qui produit un effet pareil à
celui produit par un élément composé est également un composé. L’Un est plus
grand que tous les autres nombres, car il a produit l’infinie variété des
grandeurs mathématiques ; mais nul changement n’est possible sans la présence
de l’Un qui pénètre toutes choses, et dont les facultés sont présentes dans ses
manifestations.
- 8.
Rien ne peut passer d’un extrême à
l’autre sauf à l’aide d’un moyen. Un animal ne peut pas arriver au céleste
avant d’avoir passé par l’homme. Ce qui est antinaturel doit devenir naturel
avant que sa nature puisse devenir spirituelle.
- 9.
Les métaux ne peuvent pas se changer en
d’autres métaux avant d’avoir été réduits à la prima materia. La volonté propre,
opposée à la volonté divine, doit cesser d’être pour que la volonté divine
puisse envahir le cœur. Nous devons nous dépouiller de toute sophistication,
devenir semblables à des enfants, pour que la parole de sagesse puisse retentir
dans notre esprit.
- 10.
Ce qui n’est pas mûr doit être aidé par
ce qui est parvenu à maturité. Ainsi commencera la fermentation. La loi de
l’induction régit toutes les régions de la nature.
- 11.
Dans la calcination, le corps ne se
réduit pas, mais il augmente de quantité. Le véritable ascétisme consiste à
abandonner ce dont on n’a pas besoin, lorsqu’on a reçu quelque chose de
meilleur.
- 12.
Dans l’alchimie, rien ne porte de fruit
sans avoir été préalablement mortifié. La lumière ne peut pas luire à travers
la matière, si la matière n’est pas devenue assez subtile pour laisser passer
les rayons.
- 13.
Ce qui tue produit la vie ; ce qui cause
la mort amène la résurrection ; ce qui détruit crée.
- 14.
Rien ne sort de rien. La création d’une
forme nouvelle à pour condition la transformation de l’ancienne.
- 15.
Tout ce qui renferme une semence peut
être augmenté, mais point sans l’aide de la nature. Ce n’est qu’au moyen de la
graine que le fruit portant des graines plus nombreuses vient à la vie.
- 16.
Toute chose se multiplie et s’augmente
au moyen d’un principe masculin et d’un principe féminin. La matière ne produit
rien si elle n’est pénétrée par la force. La nature ne crée rien si elle n’est
imprégnée par l’esprit. La pensée reste improductive si elle n’est rendue
active par la volonté.
- 17.
La faculté de tout germe est de s’unir à
tout ce qui fait partie de son royaume. Tout être dans la nature est attiré par
sa propre nature représentée dans d’autres êtres. Les couleurs et les sons de
nature semblable forment des accords harmonieux ; les substances qui ont des
rapports les unes avec les autres peuvent se combiner ; les animaux de la même
espèce s’associent entre eux, et les puissances spirituelles s’unissent aux
germes avec lesquels elles ont de l’affinité.
- 18.
Une matrice pure donne naissance à un
fruit pur. Ce n’est que dans le sanctuaire le plus intime de l’âme que se
révèlera le mystère de l’esprit.
- 19.
Le feu et la chaleur ne peuvent être
produits que par le mouvement. La stagnation, c’est la mort. La pierre jetée
dans l’eau forme des cercles excentriques progressifs, qui sont produits par le
mouvement. L’âme qui ne s’émeut pas ne peut point s’élever et se pétrifie.
- 20.
Toute la méthode commence et finit par
une seule méthode : la cuisson. Voici le grand arcane : c’est un esprit céleste
descendant du soleil, de la lune et des étoiles, et qui est rendu parfait dans
l’objet saturnien par une cuisson continuelle, jusqu’à ce qu’il ait atteint
l’état de sublimation et la puissance nécessaires pour transformer les métaux
vils en or. Cette opération s’accomplit par le Feu Hermétique. La séparation du
subtil d’avec l’épais doit se faire avec soin, en ajoutant continuellement de
l’eau ; car plus les matériaux sont terrestres, plus ils doivent être dilués et
rendus mobiles. Continue cette méthode jusqu’à ce que l’âme séparée soit réunie
au corps.
- 21.
L’œuvre entière s’accomplit en employant
uniquement de l’eau. C’est la même eau que celle sur laquelle se mouvait
l’Esprit de Dieu dans le principe, lorsque les ténèbres étaient sur la face de
l’abîme.
- 22.
Toute chose doit retourner à ce qui l’a
produite. Ce qui est terrestre vient de la terre ; ce qui appartient aux astres
provient des astres ; ce qui est spirituel procède de l’Esprit et retourne à
Dieu.
- 23.
Où les vrais principes manquent, les
résultats sont imparfaits. Les imitations ne sauraient donner des résultats
purs. L’amour purement imaginaire, la sagesse comme la force purement
imaginaire ne peuvent avoir d’effet que dans le royaume des illusions.
- 24.
L’art commence où la nature cesse
d’agir. L’art accomplit au moyen de la nature ce que la nature est incapable
d’accomplir sans l’aide de l’art.
- 25.
L’art hermétique ne s’atteint pas par
une grande variété de méthodes. La Pierre est une. II n’y a qu’une seule vérité
éternelle, immuable. Elle peut apparaître sous maints différents aspects :
mais, dans ce cas, ce n’est pas la vérité qui change, c’est nous qui changeons
notre mode de conception.
- 26.
La substance qui sert à préparer
l’Arcanum doit être pure, indestructible et incombustible. Elle doit être pure
d’éléments matériels grossiers, inattaquable au doute et à l’épreuve du feu des
passions.
- 27.
Ne cherche pas le germe de la pierre des
philosophes dans les éléments. C’est seulement au centre du fruit qu’on peut
trouver le germe.
- 28.
La substance de la pierre des
philosophes est Mercurielle. Le sage la cherche dans le Mercure ; le fou
cherche à la créer dans la vacuité de son propre cerveau.
- 29.
Le germe des métaux se trouve dans les
métaux, et les métaux naissent d’eux-mêmes. La croissance des métaux est très
lente ; mais on peut la hâter en y ajoutant la Patience.
- 30.
N’emploie que des métaux parfaits. Le
Mercure imparfait, tel qu’on le trouve ordinairement dans certaines contrées de
l’Europe, est tout à fait inutile pour cette œuvre. La sagesse du monde est
folie aux yeux du Seigneur.
- 31.
Ce qui est grossier et épais doit être
rendu subtil et fin par calcination. Ceci est une opération très pénible et
très lente, parce qu’elle est nécessaire pour arracher la racine même du mal ;
elle fait saigner le cœur et gémir la nature torturée.
- 32.
Le fondement de cet art consiste à
réduire les Corpora en Argentum Vivum. C’est la Solutio Sulphuris Sapientium in
Mercurio.Une science dépourvue de vie est une science morte ; une intelligence
dépourvue de spiritualité n’est qu’une lumière fausse et empruntée.
- 33.
Dans la Solution, le Dissolvant et la
Dissolution doivent rester ensemble. Le Feu et l’Eau doivent être rendus aptes
à se combiner. L’intelligence et l’amour doivent rester à jamais unis.
- 34.
Si la semence n’est pas traitée par la
chaleur et l’humidité, elle devient inutile. La froidure contracte le cœur et
la sécheresse l’endurcit, mais le Feu de l’Amour Divin le dilate, et l’Eau de
l’Intelligence dissout le résidu.
- 35.
La terre ne produit nul fruit sans une
humidité continue. Nulle révélation n’a lieu dans les ténèbres si ce n’est au
moyen de la lumière.
- 36.
L’Humectation a lieu par l’Eau, avec
laquelle elle a beaucoup d’affinité. Le corps lui-même est un produit de la
pensée, et a pour cette raison la plus grande affinité avec l’intelligence
- 37.
Toute chose sèche tend naturellement à
attirer l’humidité dont elle a besoin pour devenir complète en sa constitution.
L’Un, de qui sont sorties toutes choses, est parfait ; et c’est pourquoi
celles-ci renferment en elles-mêmes la tendance à la perfection et la
possibilité d’y atteindre.
- 38.
Une semence est inutile et impuissante,
si elle n’est mise dans une Matrice appropriée. Une âme ne peut pas se
développer et progresser sans un corps approprié, parce que c’est le corps
physique qui fournit la matière nécessaire à son développement.
- 39.
La chaleur active produit la couleur
Noire dans ce qui est humide ; dans tout ce qui est sec, la couleur Blanche ;
et, dans tout ce qui est blanc, la couleur Jaune. D’abord vient la
Mortification, puis la Calcination, et ensuite l’éclat doré produit par la
lumière du Feu Sacré qui illumine l’âme purifiée.
- 40.
Le Feu doit être modéré, ininterrompu,
lent, égal, humide, chaud, blanc, léger, embrassant toutes choses, renfermé,
pénétrant, vivant, intarissable, et le seul employé par la nature. C’est le Feu
qui descend des cieux pour bénir toute l’humanité.
- 41.
Toutes les opérations doivent être
faites dans un seul Vaisseau et sans le retirer du Feu. La substance employée
pour la préparation de la Pierre des Philosophes doit être rassemblée en un
seul lieu et ne doit pas être dispersée en plusieurs lieux. Quand une fois l’or
a perdu son éclat, il est difficile de le lui rendre
- 42.
Le Vaisseau doit être bien clos, en
sorte que l’eau ne s’en échappe pas ; il doit être scellé hermétiquement, parce
que, si l’esprit trouvait une fissure pour s’échapper, la force serait perdue :
et en outre il doit être bien clos, afin que rien d’étranger et d’impur ne
puisse s’introduire et s’y mélanger. II doit toujours y avoir à la porte du
laboratoire une sentinelle armée d’un glaive flamboyant pour examiner tous les
visiteurs, et renvoyer ceux qui ne sont pas dignes d’être admis.
- 43.
N’ouvrez pas le Vaisseau avant que
l’Humectation soit achevée. Si le Vaisseau est ouvert prématurément, la plus
grande partie du travail est perdue.
- 44.
Plus la Pierre est alimenté et nourrie,
plus la volonté s’accroîtra. La sagesse divine est inépuisable ; seule est
limitée la faculté de réceptivité de la forme.