Laura Garcia Vitoria

Territorios del conocimiento/Territoires de la connaissance Sociedad del conocimiento/Société de la connaissance : les regards sur l'identité personnelle et professionnelle dans la société de la connaissance

8/19/2015

Congrès S3C et «Cities for Life»: entretien avec Laura Garcia Vitoria

 Entretien avec Laura Garcia Vitoria
Vous représentez les acteurs de près d’un quart de siècle de présence des villes et des territoires sur les réseaux et de manière générale les échanges qui ont marqué dans le monde les deux premières décennies de l’histoire de l’Internet, notamment à l’occasion des appels de Venise (1996) et de Logroño (2012). Aujourd’hui, alors que l’expression de «smart city» semble représenter un tournant majeur de la représentation qui est la nôtre de nos villes et de nos régions et dont le présent congrès trace un portrait à l’échelle de l’ensemble de la planète, il s’avère donc tentant de vous demander ce que sont à votre sens les vecteurs mêmes de qu’il est ainsi convenu d’appeler l’intelligence urbaine et territoriale. Vous évoquez à juste titre l’ampleur de la mutation qui est celle de la seconde décennie de ce siècle, une mutation qui naturellement ne se limite pas à sa traduction purement sémantique. Délivrés que nous sommes de la rhétorique peu féconde de la quête d’une pseudo «citoyenneté» qui ne reflétait en réalité qu’un ensemble d’ignorances historiques, culturelles, voire technologiques…, nous pouvons nous autoriser une vraie transparence dans le cadre notamment des nouvelles formes d’économie que nous voyons se développer sous nos yeux:  transparence des motivations et des modèles économiques, transparence également des comportements et des réalisations qui caractérisent tout particulièrement les laboratoires d’innovation et tous les lieux d’accélérations des projets qui se démultiplient autour de nous. Tout ceci rend les années que nous vivons particulièrement passionnantes dans la mesure où c’est dans cette économie de la connaissance que prennent leurs racines les vecteurs de l’intelligence des collectivités locales que vous évoquez. Gare donc aux soi-disant classements entre «startup cities» qui s’efforcent d’uniformiser ce qui non seulement ne saurait l’être, mais où précisément, tout au contraire, c’est la gestion de l’identité qui conforte son attractivité et ses polarités de compétences. Les résultats de certains de ces Ranking s’avèrent ainsi totalement dépourvus de significations autres que celles que suggère à leurs promoteurs leur propre vision de la ville de demain.
Les laboratoires et autres espaces d’innovation sont précisément au cœur de votre action depuis le tournant de ce siècle. Living Labs, Fab Labs et autres Médialabs sont les ateliers et les fabriques de notre futur – comme plusieurs séances le montreront dans le cadre de votre congrès -. Pourquoi les avoir réunis au sein de réseaux tels que LEILAC et le RELAI? Nous nous sommes en effet pendant plusieurs années occupés de leur coopération, car ce sont eux qui se trouvent au cœur du fonctionnement et des attentes de nos villes intelligentes. Ces espaces de co-working et de co-making sont de véritables laboratoires d’innovation et d’inventivité. Des Med-Tech aux FinTech et aux Food Tech, ces lieux de réflexion donnent naissance à quantité de projets et à la création de multiples jeunes entreprises innovantes. D’où le rôle majeur d’une culture du lien remplaçant les champs disciplinaires d’autrefois au travers des mécanismes multiples de l’accélération et de l’incubation indispensables à la construction d’une économie contributive, collaborative et fonctionnelle.
Vous aurez l’occasion dans une séance plénière de votre congrès d’esquisser une sorte de tour du monde de l’intelligence urbaine, poursuivant ainsi une précédente introduction à un tel voyage immersif en tant que guest speaker au congrès mondial des technologies de l’information de Guadalajara (Mexico). Quoi de neuf donc en un an au pays des smart cities ? Lorsque l’on a eu la chance d’accompagner les collectivités locales depuis, vous le disiez, la naissance de l’Internet, on mesure combien s’achèvent aujourd’hui les frasques de quelques «professeurs Tournesol» qui pensaient, pour on ne sait quelle raison, détenir des savoirs qui leur seraient réservés tout en mettant en même temps l’accent sur le rôle des habitants et des usagers. Au-delà des réseaux de villes numériques et connectées dont nous avions tracé l’histoire à la Cité des Sciences dès la fin du XXème siècle (1998), c’est d’abord à l’émergence un peu partout dans le monde de véritables villes et quartiers de la connaissance que nous assistons. Notre monde se structure toujours plus en hubs et en réseaux de savoirs: comme le souligne André Jean-Marc Loechel dans son prochain ouvrage à paraître, c’est toute la planète qui devient laboratoire.
En même temps qu’au S3C, vous participerez au meeting «Cities for Life» organisé par vos collègues et amis de Medellin (Colombie) – les deux manifestations les plus importantes de l’année auront ainsi lieu en même temps et se partageront les rencontres et interventions les plus attendues de la rentrée -. Pourquoi donc Paris et Medellin ? En réalité les deux villes, malgré tout ce qui peut souligner leurs différences, partagent tout d’abord des ambitions identiques: elles constituent toutes deux de véritables vitrines de l’économie du savoir dont nous venons de parler, mais sont également convaincues de la pertinence des collaborations entre les villes dans ce domaine. Et c’est d’ailleurs au soir du 31 août que sera présentée la plate-forme de collaboration internationale qui sera le grand acquis de cette rencontre et, avec le réseau social que nous sommes en train de construire, nous serons évidemment heureux de nous y associer.
Que présenterez-vous par ailleurs à Médellin ? Il nous a précisément été proposé par Paola Pollmeier, responsable de l’organisation, d’animer une session de co-création consacrée aux «Living Labs et espaces d’innovation». Le comité d’expertise qui en sera issu, aura à l’avenir une réalité d’autant plus importante qu’il sera au service des grandes organisations internationales pour accompagner leurs Living Labs et l’ensemble de leurs espaces d’innovation.

La Twitter towm, les réseaux sociaux et l’intelligence collective


L'exemple de la petite "ville Twitter" (Jun) est une illustration - si besoin en était - de l'excessive simplification des liens à construire entre citoyens et élus et dont l'intelligence serait le bien commun.
C'est probablement tout l'inverse qu'il conviendra de faire demain, à savoir commencer par réfléchir sur les outils à élaborer et sur leur vraie pertinence dans les divers cas de figure de leur utilisation.
Au demeurant, on ne voit guère en quoi l'oiseau emblématique surmontant un obélisque imaginé pour la circonstance illustre l'identité andalouse... sauf à être une commémoration d'une entreprise anglo-saxonne célébrant l'intelligence collective locale semblant aux yeux de certains  pousser la carrière politique personnelle du Maire en question.
Tandis que certains élus utilisent twitter pour gérer pour le meilleur et le pire les données qui leur sont naïvement confiées, d’autres cultivent des objectifs plus ambitieux. Ainsi une application LinkedIn propose de cartographier les compétences par grandes villes, en Europe et aux États-Unis et elle permet de localiser les profils technologiques.
On n’est pas loin des problématiques actuelles évoquées en cette rentrée dans les deux congrès de Paris et de Medellin s'interrogeant sur cette question.