Laura Garcia Vitoria

Territorios del conocimiento/Territoires de la connaissance Sociedad del conocimiento/Société de la connaissance : les regards sur l'identité personnelle et professionnelle dans la société de la connaissance

9/23/2010

"J'AI DONC RÉTRÉCI MA VILLE"


Un témoignage personnel des premières utilisations des applications de géolocalisation et de réalité augmentée sur nos smartphones illustre parfaitement la thématique de notre rencontre.

Au moment en effet de prendre une photo d’un espace urbain, se rendit alors visible - suite à une éraflure tactile sur le programme "Culture Clic" - une gravure ancienne représentant cet espace il a trois cent ans. Au travers d’une application parmi bien d’autres, une place s’est ainsi présentée non comme objet de réversibilité potentielle, mais bel et bien sous des traits chronologiquement plus anciens.

S’imposa alors l’idée que nous tenions tous entre les mains - de manière encore éminemment superficielle, sans en exploiter en rien les considérables potentialités en matière de gestion des savoirs - un outil de réversibilité dans notre vision et surtout de notre perception de l’espace urbain.

Dans un texte de l’époque, nous avons souligné alors que nous pouvions devenir les archéologues de nos environnements cognitifs, une fonction qui nous serait impartie à tous pour rendre précisément la ville réversible...

Si un nouveau fondement de la pensée post-moderne et surtout post-industrielle réside en effet dans la promotion du l'irréversibilité - le futur étant désigné comme incertain -, il est sur que les technologies de la connaissance en seront l'axe majeur.

S'agit-il pour autant d'une nouvelle utopie? Nous ne le croyons pas!
S'agit-il encore d'un retour a l'inachevé michelangelesque? Certainement pas!

Nous sommes en présence en réalité de possibilités de construction renouvelée d'une mémoire collective, en fait de nouvelles modalités d'élaboration d'un theatre de la mémoire qui nous ramène - a l'instar de la Renaissance - a regarder le passe de nos espaces en même temps que nous en imaginons le futur.

La réversibilité imaginée, requise, voire exigée de nos espaces contemporains, urbains  aussi - a bien des aspects - ruraux - réside donc pour nous d'abord dans un nouvel algorithme de pensée qui lie indissociablement - c'est en tout cas est bien vu et ressenti comme tel - la gestion du passe et de sa "boite a outils" et le spectre de nos regards sur le futur, tant est vraie, selon nous, l'hypothèse que la réversibilité qualifie, dans les sociétés développées, la relation que l'on construit avec le futur.

Dans notre Laboratoire vivant place sous l'égide de l'Union européenne, la réversibilité se traduit ainsi par un nouveau système de valeurs comme vecteur majeur de modulation de l'espace.


9/04/2010

L’université d’été du MEDEF : un défi à construire


En intitulant son université d’été « L’étrangeté du monde, mode d’emploi », le MEDEF entend rendre visible à l’occasion de la rentrée 2010 les réalités apparues en ce début de siècle et les mutations fortes qui en sont issues pour le quotidien des entreprises.
Le plus frappant est que plusieurs mondes s’y sont côtoyés, mais sans se rencontrer pour autant. La topographie  comme souvent en rendait compte : pour se rendre vers les studios de BFM ou tout simplement vers le restaurant à partir du café d’accueil, l’itinéraire imposé passait par le pavillon de l’innovation !
« Il faut passer par là » était dit avec grande courtoisie à certains chefs d’entreprises dépités du « détour » ainsi programmé. Une contrainte largement justifiée : là se passait l’essentiel, aux côtés de jeunes entreprises à la dynamique exemplaire d’ailleurs dans la compréhension aujourd’hui reconnue d’un accompagnement des représentants d’une « innovation de rupture ».  Les débats qui  les mettaient en scène - au-delà même de leurs espaces de démonstration -  avaient là une liberté, et surtout un réalisme moins présent aux séances plénières qui fonctionnaient avec des règles évidement plus contraignantes. Métaphoriquement, la télé-présence chère à nos collègues de CISCO en constituait le meilleur des symboles.
Vous savez dit « étrangeté » ? Pour certains des participants certainement, pour lesquels les sujets retenus inscrivaient de réelles interrogations sur leurs visages, soulignant d’une certaine manière combien cet intitulé jusqu’à ce jour leur semblait… étrange.
A l’inverse, mais d’une manière au moins autant significative, les jeunes créateurs de start-ups, trouvaient ce mot tout aussi connoté, tant le décryptage de ce monde dit « étrange » leur semblait avoir été fait depuis  longtemps…
En somme, semblant étrange à tout le monde - pour des raisons évidement totalement opposées -, il en devint au fil des trois jours une sorte de ferment d’unité pour des univers mentaux qui avaient tout pour ne pas se comprendre. Le message avait donc finalement réussi dans son objectif premier : rassembler au lieu de diviser !
Et de fait, les démonstrations et débats illustraient bien cette convergence, et c’est bien un monde économique nouveau qui transparaissait au-delà des mots : chacun sentait bien qu’il allait entrer dans une même communauté et que le splendide isolement d’avant-hier avait perdu tout réalité : non seulement l’isolement d’une entreprise en soi qui n’avait jamais eu beaucoup de sens, mais aussi par rapport au territoires d’accueil, à une Europe présente au quotidien et à une  planète en effet de plus en plus proche, où le représentant  allemand parlait l’anglais et le chef d’une entreprise de télécommunications chinoise… le français ! Jamais plus qu’aujourd’hui n’apparaissent justement lisibles les intérêts convergents lointains des uns et l’éloignement culturel des plus proches !
Un mode d’emploi était en effet nécessaire, incarné par une Laurence Parisot qui, dans son « nouveau job d’animatrice »,  apparaissait bien comme la femme de la situation ! C’est elle qui décryptait dès la plénière d’inauguration les propos de ses interlocuteurs, reformulant les propos de « John » (Chambers) ou encourageant ceux qui avaient en effet encore à mieux comprendre ce qui se semblait plus au fond si « étrange »,  mais une réelle évidence !