Laura Garcia Vitoria

Territorios del conocimiento/Territoires de la connaissance Sociedad del conocimiento/Société de la connaissance : les regards sur l'identité personnelle et professionnelle dans la société de la connaissance

9/27/2009

Vers l'entreprise globale et innovante?

Après les «Trente Peu Glorieuses» (1979 - 2009)

Les réflexions abondent - crise oblige - sur ce que pourrait être ni plus ni moins un nouveau statut de l’entreprise dans un cadre économique revisité. Il est vrai que nous sommes bien placés aujourd’hui pour constater l’urgence induite par une perte implacable de valeurs au sein de nombre de grandes entreprises, et ce au profit d’une séduction bien superficielle d’un capital financier souvent non choisi. Il ne s’agit nullement au travers d’un tel débat d’une quelconque chasse à de présumés coupables qu’auraient été des formateurs de manageurs (suivistes plus qu’initiateurs), voire - pour Dominique Wolton notamment - des chercheurs dépourvus de courage, en tout cas des chefs d’entreprise étourdis par les «Trente Peu Glorieuses» qu’auraient été les trois dernires décennies de notre histoire économiques…

D’EVA À LA POMME DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
Dans le florilège d’images - elles aussi paradoxalement superficielles -, on retiendra tout de même le départ d’Eva («economic value-added») au profit de l’arrivée de DD (dixit Eric Israelewicz), le carré magique où s’introduirait la société civile (dixit le même), mais surtout une morale en quête de sens (et pas celle qui n’en a pas - merci d’y réfléchir…-). Va-t-on ainsi remplacer les actionnaires par des mots clefs? «Adhésion, responsabilité, loyauté, engagement» proposent de leur côté Olivier Marchal et Jean-Marc Leroux dans le dossier consacré par La Tribune à la réinvention de l’entreprise. Mais où en est le dépassement des savoirs des trois décennies aujourd’hui honnies, plus précisément leur interaction avec l’expérience, seule génératrice de savoirs globaux? C’est là d’ailleurs précisément le déficit majeur de la formation des responsables économiques, visible par exemple au travers de l’usage de bonnes pratiques mal analysées, peu suivies surtout et encore moins validées sur le terrain.
Il en est de même avec le développement de relations transactionnelles au sein de la « génération Y », relations où les échanges de savoirs s’avèrent de fait quasi-absents : voilà en effet un défi mal formulé et aux enjeux mal pensés, où se retrouve oubliée l’efficacité de la «great place of work», de même que la place des savoirs et des savoir-faire. L’évocation de l’entreprise et des fonds socialement responsables fait oublier le rôle central des talents et du travail d’équipe fondé sur la complémentarité des compétences dans les nouveaux liens d’engagement et les investissements mutuels. On laisse de côté également une éthique partagée par tous - on sait où mène la mono-éthique -, et du coup le rôle des savoirs dans les pratiques éthiques… et donc du capital humain et immatériel: sans le second, l’homme n’est au cœur de rien, à l’heure précisément de l’effacement des institutions étatiques. Faut-il rappeler à la suite du Prix Nobel Schoutz, qui définit le capital humain comme la somme des compétences, expériences et connaissances - le vrai triangle -, parallèlement aux formulations de Boutis qui parle de «rassemblement des ressources intangibles possédées par les membres de l’institution».

DU CAPITAL HUMAIN AU CAPITAL IMMATÉRIEL
Tout passe ici par le modèle de Michael Porter auquel on reproche précisément - largement à tort - d’oublier complètement le capital humain dans sa démarche. Des études récentes montrent pourtant que la gestion du capital intellectuel, la connaissance rare et l’expertise permettent largement le développement de nouveaux produits et surtout de nouveaux rapports avecle client. Comment dès lors concilier ce qui n’est qu’un constat que nous pouvons tous aisément faire avec la mise en cause d’une «méritocratie» éminemment utile? La connaissance, le capital intellectuel et immatériel sont à la base, d’une manière ou d’une autre, de l’avantage concurrentiel né de la maîtrise des intangibles (Charles Henri Besseyre Deshorts).
Quant à l’innovation, au sein de l’entreprise de demain, elle reste paradoxalement figée dans ses formulations traditionnelles, et non comme lien entre tous les facteurs évoqués. Où est donc passée la révolution des paradigmes? Salon de l'entreprise durable